Depuis le début de l’année 2024, l’action Tesla a perdu plus de 30 % de sa valeur en Bourse. Cette performance tranche avec la dynamique observée chez d’autres grands acteurs technologiques, qui affichent pour la plupart une progression notable.
Plusieurs facteurs se distinguent dans l’explication de ce recul. Les résultats trimestriels décevants, la concurrence accrue sur le marché des véhicules électriques et les interrogations croissantes autour de la stratégie industrielle de l’entreprise alimentent l’inquiétude des investisseurs.
Où en est réellement l’action Tesla aujourd’hui ?
Le cours de l’action Tesla traverse une période de turbulences rarement vue chez un constructeur automobile coté au NASDAQ. Sous la houlette de Elon Musk, la société a vu sa valorisation fondre de 55 % entre décembre 2024 et mars 2025. Malgré cette correction brutale, la capitalisation boursière de Tesla plafonne encore autour de 755 milliards d’euros, un poids qui dépasse, à lui seul, Volkswagen, Renault et Stellantis cumulés.
Mais derrière ce chiffre, la santé financière de Tesla s’effrite nettement : le chiffre d’affaires décroît, le bénéfice net s’effondre de 71 % au premier trimestre 2025. Côté valorisation, le PER frôle 104, un niveau que beaucoup jugeraient hors de propos pour le secteur automobile. Face à une croissance qui cale, la question revient sans cesse : sur quoi repose encore un tel niveau de valorisation ?
Les signaux envoyés par les marchés sont limpides. Les ventes de Tesla en Europe dégringolent de près de 40 % en 2025. La France n’échappe pas à la vague, avec des immatriculations en chute de 44 %. Les gigafactories de Berlin et Shanghai tournent au ralenti alors que la Model 3 et la Model Y peinent à séduire face à la montée en puissance des marques chinoises et européennes.
Voici, région par région, ce qui ressort de cette dynamique :
- En Europe, la présence de Tesla s’effrite, concurrencée de front par BYD, Renault ou Volkswagen.
- En France, la disparition du leasing social et la pression sur le pouvoir d’achat freinent l’intérêt pour la marque.
- Aux États-Unis, la position de Tesla reste dominante mais la croissance s’est nettement tassée.
Si Elon Musk détient encore 13 % du capital, le climat de confiance s’amenuise. La révolution des véhicules électriques marque le pas, et Tesla, longtemps portée par l’enthousiasme, découvre la réalité crue d’un marché devenu mature.
Quelles sont les causes profondes de la récente baisse du titre ?
Pourquoi le cours de l’action Tesla décroche-t-il aussi nettement ? Plusieurs éléments s’additionnent et se renforcent mutuellement. D’abord, la concurrence ne cesse de gagner du terrain. Les constructeurs chinois, à commencer par BYD, affichent des ventes en forte hausse en Europe (plus 50 % en 2025), tandis que Renault et Citroën misent sur des véhicules électriques bien plus abordables. Le Model Y, autrefois fer de lance, doit désormais composer avec la montée de la Renault 5, de la Citroën ë-C3 ou encore de la Skoda Enyaq. L’innovation chez Tesla semble marquer le pas, la gamme vieillit.
Par ailleurs, la fin des aides publiques en Europe, combinée à la suppression du leasing social en France, pèse lourdement sur la demande. Les prix sont sous pression, le marché des véhicules électriques stagne, parfois même recule selon les pays. Tesla enregistre une baisse des volumes vendus et doit consentir à des marges réduites, dans un contexte où la décote annuelle de ses modèles atteint 29 %.
La guerre commerciale USA-Chine vient ajouter une couche d’incertitude. Tesla reste tributaire des composants et batteries chinois. Les droits de douane qui montent, la volatilité géopolitique : tout cela alourdit la facture de production. S’ajoutent les polémiques politiques d’Elon Musk et le scepticisme grandissant des investisseurs, nourri par des analyses prudentes (Forbes, Deutsche Bank). Quelques faits marquants, actes de vandalisme, appels au boycott en France, contribuent à ternir l’image de la marque. Le titre, longtemps chouchou des marchés, subit de plein fouet la fin d’un cycle d’euphorie.
Vers quelles évolutions possibles pour Tesla et sa valorisation en Bourse ?
La fébrilité autour de l’action Tesla n’a pas disparu, malgré une capitalisation boursière qui demeure l’une des plus hautes du secteur automobile. Un PER à plus de 104, loin des normes des constructeurs traditionnels, reflète l’attente d’un véritable sursaut, qu’il soit technologique ou commercial. Or, la réalité s’impose : les ventes reculent, le bénéfice net s’amenuise, le modèle économique s’expose à des vents contraires de plus en plus puissants.
Au centre de l’attention, le pari de la conduite autonome niveau 3. Si Tesla parvient à concrétiser son projet de « Cybercab », ce robotaxi vu comme la prochaine grande rupture, le niveau actuel de valorisation trouverait une justification. Mais le calendrier s’étire, et la bataille s’intensifie : les concurrents chinois, européens et américains avancent à grands pas, misant sur des innovations progressives et réalisables.
Des atouts, Tesla en possède encore. Les liquidités restent confortables, la position dominante sur le marché du crédit carbone assure un matelas de sécurité. Si l’efficience des Gigafactories (Shanghai, Berlin, Austin) s’améliore, la compétitivité pourrait regagner du terrain. Pourtant, la gamme actuelle fatigue. La nouvelle version du Model Y est attendue au tournant, car les acheteurs lorgnent désormais vers d’autres marques, notamment BYD ou Renault.
Pour inverser la tendance, le marché veut plus qu’un simple lifting. Il attend une rupture, un vrai signal fort. La prochaine prise de parole d’Elon Musk sera analysée à la loupe : promesses, délais, feuilles de route… Tout sera décortiqué, chaque imprécision pourra déstabiliser un cours déjà hautement instable.
Dans les prochains mois, Tesla jouera gros : entre espoirs de rebond et risques de décrochage, le récit boursier de la marque s’écrit désormais sans filet.